9

 

 

Situé à un jet de pierre de Kings Highway, non loin du Centenary College, La Queue du Loup offrait au regard sa façade de vieilles briques et ses larges vitrines masquées par d’épais rideaux opaques. C’est ce que j’ai remarqué en premier, avant qu’on contourne le bâtiment pour emprunter la sombre ruelle, pleine de trous et de bosses, qui menait au parking. On s’est garés dans une sorte de terrain vague mal éclairé, ce qui ne m’a pas empêchée d’apercevoir, parmi les mauvaises herbes, les canettes vides, les débris de verre et les préservatifs usagés qui jonchaient le sol. Il y avait là plusieurs motos et quelques exemplaires des voitures les moins chères du marché, ainsi que deux ou trois rutilants pick-up Suburban Chevrolet. Sur la porte de service, on pouvait lire : «Accès interdit – Réservé au personnel. »

Mes pieds avaient beau commencer à protester contre les hauts talons auxquels ils n’étaient pas habitués, j’allais quand même devoir remonter cette infâme ruelle pour accéder à l’entrée de La Queue du Loup. Mais plus on approchait de la porte, plus j’avais des frissons. J’avais l’impression qu’un serpent glacé remontait le long de mon dos. Et puis, tout à coup, je me suis arrêtée net, comme si je venais de rentrer dans un mur. J’ai voulu insister : impossible d’avancer. C’est alors que j’ai senti la magie. On avait dû filer un sacré paquet de pognon à une sacrée sorcière pour que La Queue du Loup soit protégé par un sort de répulsion aussi puissant.

J’avais du mal à résister. Je n’avais qu’une envie : tourner les talons. Pour aller où ? Peu importait, pourvu ce ne soit pas devant moi.

Quinn a continué à marcher un moment avant de se rendre compte que je ne le suivais pas. Il m’a jeté un regard interrogateur. Puis il a compris.

— J’avais oublié, a-t-il dit d’un ton d’excuse. Oublié que tu n’étais pas des nôtres, je veux dire.

— Ça ressemble à un compliment...

Même parler me demandait un effort. Malgré la fraîcheur de la nuit, j’avais le front baigné de sueur.

— Viens là, m’a alors dit Quinn en me soulevant de terre, tel Rhett Butler avec Scarlett O’Hara (si, si, exactement pareil).

Comme son aura surnaturelle m’enveloppait, j’ai senti avec soulagement cette épouvantable sensation de répulsion se volatiliser. La magie ne pouvait plus m’identifier en tant qu’humaine, du moins pas de façon formelle. Le bar me paraissait toujours aussi peu engageant, pour ne pas dire carrément répugnant, mais j’allais pouvoir y entrer sans avoir la nausée. Génial !

Peut-être les effets du sortilège tardaient-ils à se dissiper, parce que, même à l’intérieur, j’ai trouvé que l’endroit n’avait vraiment rien d’accueillant. Il était même limite flippant, pour ne rien vous cacher. Bon, je n’irais pas jusqu’à dire que toutes les conversations se sont tues lorsqu’on est entrés, mais il y a eu comme un blanc dans le texte. Le juke-box jouait Bad Moon Rising (l’hymne national des lycanthropes, si vous voulez) quand le troquet au grand complet a changé de position, comme si le bataillon de loups-garous et de changelings qui constituaient la clientèle s’étaient tous tournés vers la porte en même temps : demi-tour, droite !

— Les humains ne sont pas acceptés ici ! nous a lancé une toute jeune fille, en bondissant souplement par-dessus le comptoir pour venir vers nous.

Elle portait des bas résille et des cuissardes vernies noires, un corselet de cuir rouge – enfin, il aurait bien voulu être en cuir, le corselet, mais c’était plutôt du Skaï, à mon avis – et une bande de tissu noir ras les fesses (elle devait appeler ça une jupe, je présume). Très élégant !

Elle n’a pas aimé mon sourire. Il faut reconnaître que, si elle y voyait un jugement de ma part sur son accoutrement, elle ne se trompait pas vraiment.

— Dégage de là, sale humaine ! m’a-t-elle jeté en grognant.

Malheureusement pour elle, son grognement n’avait rien de très impressionnant. Elle n’avait manifestement pas eu le temps de s’entraîner. Encore aurait-il fallu qu’elle y mette un tant soit peu d’intimidation pour le rendre menaçant. J’ai senti mon sourire s’élargir malgré moi. Aussitôt, la fille a pris de l’élan, rejetant le poing en arrière pour me frapper.

C’est alors que Quinn s’est mis à gronder.

C’était un bruit sourd qui venait de loin, remontant du ventre pour vibrer à travers le bar et résonner jusque dans ses moindres recoins, comme un roulement de tonnerre. Le barman, le genre motard barbu et chevelu aux biscoteaux couverts de tatouages, a plongé la main sous le comptoir. Je savais qu’il allait sortir un fusil.

Ce n’était pas la première fois que je me demandais si je ne ferais pas mieux de me balader constamment armée. Dans ma petite vie bien réglée – une existence paisible où chacun respectait la loi –, je n’en avais jamais vu l’utilité. Jusqu’à ces derniers temps... Au même moment, le juke-box s’est arrêté, et le silence est tombé comme un couperet, aussi assourdissant que le boucan auquel il succédait.

— Je vous en prie, ne sortez pas ce flingue, ai-je lancé au barman en lui adressant un sourire radieux.

Je le sentais étirer mes lèvres, ce sourire dentifrice qui me donnait toujours un faux air de débile.

— Nous venons en amis, ai-je ajouté sur un coup de tête (vraiment n’importe quoi !), en tendant les mains pour lui montrer qu’elles étaient vides.

De stupéfaction, un changeling accoudé au comptoir a laissé échapper une sorte de petit jappement, à la fois incrédule et railleur. La tension est redescendue d’un cran, de même que le poing de la jeune lycanthrope, qui a reculé d’un pas. Elle ne nous en regardait pas moins de travers, lorgnant tour à tour vers Quinn, puis vers moi. En tout cas, le barman avait les deux mains sur le comptoir, à présent. C’était déjà ça.

— Salut, Sookie ! a alors lancé une voix familière qui semblait provenir d’un coin sombre.

C’était Amanda, la lycanthrope aux cheveux rouges qui, la veille encore, avait servi de chauffeur au docteur Ludwig. Un gros costaud d’une petite quarantaine d’années lui tenait compagnie. Tous deux avaient un verre devant eux. Deux autres clients étaient également assis à leur table. Je les voyais de dos. Quand ils se sont retournés, j’ai reconnu Lèn et Maria-Star. Ils avaient pivoté lentement, comme si tout geste brusque risquait de déclencher une bagarre générale. Dans sa tête à elle, c’était un inextricable fatras : nervosité, fierté, tension, le tout étroitement imbriqué. Quant à Lèn, il était partagé. Il ne savait pas vraiment ce qu’il ressentait.

Il n’était pas le seul.

— Hé ! Amanda ! me suis-je écriée, d’un ton aussi excessivement enjoué que mon sourire.

— Je suis très honorée d’avoir le légendaire Quinn dans mon bar, a déclaré l’intéressée, sans une once d’ironie dans la voix.

Donc, Amanda exerçait, entre autres jobs, celui de tenancière de La Queue du Loup...

— Vous êtes juste passés parce que vous étiez en ville ce soir, ou y a-t-il une raison particulière à votre visite ? a-t-elle demandé.

Comme je n’en avais pas la moindre idée, j’ai bien été obligée de m’en remettre à Quinn pour la réponse. Passablement dégradant pour moi, je trouve.

— Il y a effectivement une très bonne raison, bien que j’aie toujours eu envie de venir dans votre établissement, a affirmé Quinn avec une courtoisie un peu formelle dont je me suis demandé d’où elle sortait.

D’un simple hochement de tête, Amanda a incité Quinn à poursuivre.

— Ce soir, ma compagne et moi avons été attaqués dans un lieu public et devant témoins.

Ça n’a pas semblé impressionner ni inquiéter grand monde. Miss Mauvais Genre a même haussé les épaules (enfin, les clavicules, vu qu’elle n’avait pratiquement que la peau sur les os).

— Nous avons été attaqués par des loups-garous, a alors précisé Quinn.

Ah ! Cette fois, il a fait son petit effet : toutes les têtes se sont retournées et toutes les mains se sont agitées. Et puis, stop ! Arrêt sur image : tout le monde s’est figé. Lèn est même resté en suspens, comme pétrifié à mi-parcours alors qu’il bondissait de son siège, avant de se rasseoir bien sagement.

— Des loups de la meute des Longues Dents ?

Amanda paraissait sceptique.

Quinn a haussé les épaules (un mouvement nettement plus impressionnant chez lui que chez Miss Mauvais Genre).

— Nos agresseurs ayant clairement pour intention de nous tuer, je n’ai pas pris le temps de le leur demander, a-t-il rétorqué. Il s’agissait de deux très jeunes semi-lycanthropes, apparemment mordus de fraîche date et, vu leur comportement, très certainement drogués.

Nouveau choc dans la salle. On n’avait pourtant pas un public facile, mais je vous garantis qu’on faisait un tabac.

— Tu es blessée ? s’est aussitôt inquiété Lèn.

Vu sa réaction, on aurait pu penser que je n’étais pas accompagnée. C’était à n’y rien comprendre...

J’ai penché la tête en arrière pour lui montrer mon cou. À présent, les marques laissées par les mains de mon agresseur devaient avoir pris une jolie teinte dans les mauves foncés. Mon sourire s’était envolé. Pendant ce temps, je cogitais.

— En tant qu’alliée de la meute, je pensais n’avoir rien à craindre à Shreveport, lui ai-je alors lancé.

J’imaginais que mon statut n’avait pas changé en même temps que le chef de meute. Du moins, je l’espérais. De toute façon, c’était la seule carte que j’avais en main. Autant la jouer.

— Le colonel Flood avait effectivement conféré cet honneur à Sookie.

Si on m’avait dit qu’Amanda prendrait un jour ma défense !

Les lycanthropes présents se consultaient tous du regard. Le moment paraissait crucial.

— Et les mômes, qu’est-ce qu’ils sont devenus ? a alors demandé le motard derrière son comptoir.

— Ils ont survécu, a répondu Quinn.

Ses talents de diplomate ne se démentaient pas : le plus important d’abord (le plus important pour son auditoire, du moins). J’ai soudain eu l’impression que le bar tout entier poussait un gros soupir. De soulagement ? De regret ? Je vous laisse deviner.

— La police les a arrêtés, a poursuivi Quinn. Les mômes nous ayant attaqués en pleine rue, en présence d’humains, ils ne pouvaient pas y couper.

On avait reparlé de Cal Myers pendant le trajet. Quinn l’avait juste aperçu, mais, bien sûr, il l’avait immédiatement démasqué. Je me suis demandé s’il allait maintenant aborder le problème de la présence d’un flic lycanthrope au commissariat. Mais il n’en a pas soufflé mot. Après tout, pourquoi tenter le diable et risquer de déclencher les hostilités ? Les lycanthropes devaient déjà être au courant et, de toute façon, quels que soient leurs différends, ils se serreraient toujours les coudes, faisant front commun contre les intrus, en d’autres termes : toute personne ou créature étrangère à la meute.

C’est alors que Lèn est intervenu :

— Vous devriez ramener Sookie chez elle. Elle est fatiguée.

Quinn a passé un bras autour de mes épaules pour m’attirer contre lui.

— Nous ne partirons pas d’ici avant d’avoir reçu l’assurance que la meute fera toute la lumière sur cette affaire.

Bien dit. Décidément, Quinn semblait maîtriser l’art de s’exprimer avec fermeté tout en restant diplomate. Il n’en était que plus impressionnant. La puissance qui se dégageait de lui coulait avec la majesté d’un long fleuve tranquille, sans parler de cette écrasante présence physique qui donnait tant de poids à ses propos.

— Ce sera transmis au chef de meute, lui a répondu Amanda. Il fera une enquête, j’en suis certaine. Ces petits morveux doivent bien avoir été engagés par quelqu’un.

— Il a déjà fallu qu’on fasse d’eux ce qu’ils sont devenus, lui a fait remarquer Quinn d’un ton lourd de sous-entendus. Mais j’imagine que votre meute ne s’abaisserait pas à mordre la racaille des banlieues pour la lâcher sur la ville, le soir venu, si ?

OK. Hostilité maximum à la ronde, à présent. J’ai lorgné vers les deux mètres de muscles à mes côtés. Oh oh ! Quinn était à deux doigts de perdre patience.

— Merci à tous, me suis-je empressée de lancer à la cantonade, un large sourire aux lèvres. Lèn, Maria-Star, ravie de vous avoir revus, mais on doit y aller, maintenant : la route est longue jusqu’à Bon Temps.

J’ai fait un petit signe de la main au barman et à la fille aux bas résille. Le motard a hoché la tête, et Miss Mauvais Genre s’est renfrognée. Je me suis délicatement dégagée de l’étreinte de mon compagnon pour lui prendre la main d’autorité.

— Viens, Quinn. On y va.

Pendant quelques secondes – assez pénibles, je dois l’admettre –, il m’a regardée comme s’il ne me reconnaissait pas. Puis j’ai vu ses prunelles s’éclaircir, et il s’est détendu.

— Je te suis, bébé.

Il a salué l’assistance, et on a pris la direction de la sortie. On tournait désormais le dos à plusieurs dizaines de lycanthropes. Bien que Lèn ait été du nombre et que je lui fasse confiance – la plupart du temps –, le moment a été un peu difficile à passer. Pour moi, du moins.

Quant à Quinn, je ne percevais ni crainte ni anxiété de son côté. Soit il faisait preuve d’un parfait self-control, soit il n’avait vraiment pas peur d’un bar rempli de loups-garous – ce qui était formidable, admirable et tout et tout, mais trahissait, à mon avis, un certain manque de lucidité.

La bonne réponse était «parfait self-control », comme j’ai pu m’en apercevoir en arrivant au parking-dépotoir. Avant de comprendre ce qui se passait, je me suis retrouvée plaquée contre la voiture, une bouche avide écrasant la mienne. Après un premier mouvement de surprise, je suis tout de suite rentrée dans le truc. Conséquence du danger partagé, je présume. C’était la deuxième fois, le soir de notre premier rendez-vous, que notre vie était menacée. Mauvais présage ? J’ai chassé cette dernière pensée rationnelle quand j’ai senti les lèvres et les dents de Quinn descendre à la recherche de ce point sensible, là, juste au creux de mon cou. J’ai laissé échapper un son inarticulé, non seulement parce que cette caresse m’a toujours fait grimper aux rideaux, mais aussi à cause de l’indéniable douleur que j’éprouvais à l’endroit même où mon agresseur avait posé les mains pour m’étrangler.

— Désolé, désolé, a chuchoté Quinn contre ma peau, sans cesser ses ardents assauts pour autant.

Je savais qu’il me suffirait de baisser la main pour le toucher... très intimement. Et je ne prétends pas que je n’ai pas été tentée. Mais je devenais prudente, avec le temps... Pas assez, sans doute, me suis-je dit avec la dernière étincelle de bon sens qui me restait, alors même que je me sentais happée par le flot de... chaleur qui remontait de là... là, en bas, pour se joindre au torrent de feu que Quinn faisait naître avec ses lèvres. Oh ! Seigneur ! Oh ! Oh ! Oh !

Je me suis frottée contre lui. Je n’aurais pas dû, je sais. C’était un réflexe, OK ? Et une sacrée erreur de ma part, parce que sa main s’est refermée sur mon sein, qu’il a commencé à caresser avec le pouce. J’ai tressailli. Lui aussi semblait avoir du mal à respirer, tout à coup.

— Bon, ai-je dit d’une voix haletante, en m’écartant un peu. Stop. On arrête ça tout de suite.

— Mmm... a-t-il marmonné à mon oreille, en en profitant pour y glisser la langue.

J’ai tressailli de plus belle.

— Hors de question de faire ça, ai-je affirmé d’un ton qui se voulait catégorique.

Puis, ma résolution affermie, je me suis ressaisie.

— Quinn ! Je ne veux pas faire ça avec toi dans cette décharge !

— Pas même un tout petit peu ?

— Non. Rien du tout !

— Ta bouche (il m’a embrassée) dit une chose, mais ton corps (il m’a embrassé l’épaule) en dit une autre...

— Écoute ma bouche, Duschmol !

— Duschmol ?

— OK. Quinn.

Il a soupiré et s’est redressé.

— Bon, d’accord, a-t-il dit.

Il m’a adressé un petit sourire contrit.

— Désolé, je n’avais pas l’intention de te sauter dessus comme ça.

— On s’est payé une bonne montée d’adrénaline en débarquant dans ce bar. D’une forme d’excitation à une autre...

Il a poussé un profond soupir.

— C’est sûr.

— Je t’aime beaucoup, Quinn...

À ce moment-là, je pouvais lire dans ses pensées sans trop de problèmes. Lui aussi m’aimait beaucoup. En cet instant précis, il m’aimait même vachement. Il aurait bien voulu me faire l’amour là, tout de suite, contre la voiture.

J’ai préféré replier mes antennes.

— Mais j’ai eu une ou deux expériences qui m’ont appris que trop de précipitation nuit, ai-je vaillamment poursuivi. Maintenant, je préfère mettre la pédale douce. Bon, je n’ai pas beaucoup freiné ce soir, c’est vrai. Mais les circonstances étaient un peu... particulières...

Soudain, j’ai senti qu’il fallait que je m’assoie. J’avais mal aux reins et une légère crampe au ventre. Sur le coup, je me suis un peu inquiétée, puis j’ai compris : j’allais avoir mes règles. Voilà qui allait me mettre sur les rotules, surtout après une soirée aussi mouvementée.

Quinn me regardait. Il s’interrogeait à mon sujet. Je n’aurais pas pu dire quel était exactement le problème, mais...

Et puis, subitement, il m’a demandé :

— Lequel de nous deux était visé, devant le théâtre, à ton avis ?

Bon. Le plan sexe lui était manifestement sorti de l’esprit. Tant mieux.

— Tu crois que c’était juste un de nous deux ?

Ça a semblé le faire réfléchir.

— C’est ce que j’ai supposé, du moins.

— On peut aussi se demander qui a mis ces gamins sur le coup. J’imagine qu’on les a payés d’une façon ou d’une autre : drogue, argent, ou les deux. Tu crois qu’ils vont parler ?

— Je ne pense pas qu’ils passeront la nuit.

 

10

 

 

Ils n’ont même pas fait la première page. Ils étaient dans la section locale du journal de Shreveport, après la pliure centrale. Meurtres en prison, disait le titre. J’ai soupiré.

 

Deux adolescents en attente de transfert au centre de détention pour mineurs ont été tués, la nuit dernière, peu après minuit.

 

Le journal était déposé chaque matin dans une boîte spéciale, juste à côté de ma boîte aux lettres, au bout de mon allée. Le jour commençait cependant à baisser, quand j’ai vu l’article. J’étais dans ma voiture, prête à m’engager dans Hummingbird Road pour aller bosser. Je n’avais pas encore mis le nez hors de chez moi, ayant consacré ma journée à dormir, faire la lessive et jardiner un peu. Pas un coup de fil, pas une visite. Je m’étais dit que Quinn m’appellerait peut-être, ne serait-ce que pour savoir comment j’allais après l’épisode de la veille. Mais non.

 

Placés en garde à vue pour coups et blessures volontaires, les deux adolescents avaient été incarcérés en attendant leur transfert au centre de détention pour mineurs, prévu pour le matin. La cellule réservée aux prévenus mineurs ne peut être vue de celle réservée aux adultes, et les deux jeunes étaient les seuls mineurs incarcérés. C’est au cours de la nuit qu’ils ont été étranglés par un, voire plusieurs assaillants. Aucun autre prisonnier n’a été blessé, et tous affirment n’avoir rien remarqué de suspect. Les jeunes gens avaient tous deux un casier judiciaire chargé. D’après nos sources, proches des enquêteurs, ils étaient bien connus des services de police.

« Nous allons mener une enquête approfondie, nous a affirmé Dan Coughlin, l’inspecteur chargé de l’affaire pour laquelle les deux jeunes avaient été appréhendés. Ils ont été arrêtés pour une agression présumée à l’encontre d’un couple dans d’étranges circonstances. Les circonstances de leur mort ne le sont pas moins. » Et son coéquipier, Cal Myers, d’ajouter : « Justice sera faite. »

Flippant, non ? Enfin, moi, j’ai trouvé.

J’ai balancé le journal sur le siège passager et sorti le courrier de ma boîte aux lettres. La pile d’enveloppes est allée rejoindre le journal. Je trierais tout ça après mon service.

J’étais toujours plongée dans mes pensées quand je suis arrivée au bar. Préoccupée par le sort de mes deux agresseurs de la veille, j’ai à peine réagi en constatant que j’allais devoir bosser avec la nouvelle. Tanya avait toujours l’œil aussi vif et faisait preuve de cette même efficacité que j’avais déjà pu apprécier. Sam était très satisfait de son travail. Il me l’a d’ailleurs assez répété, ce qui lui a valu un «j’avais déjà compris la première fois, merci » un peu sec, peut-être.

Du coup, j’ai été ravie de voir Bill s’asseoir à l’une de mes tables. Ça me donnait un excellent prétexte pour m’éloigner de Sam, avant d’être obligée de répondre à la question qu’il s’apprêtait à me poser : « Mais qu’est-ce que tu as contre Tanya ? »

Je ne prétends pas aimer tous les gens que je rencontre. Pas plus que je ne m’attends que tout le monde m’aime. Cependant, en général, j’ai une bonne raison pour ne pas aimer quelqu’un. Et je ne parle pas de cette vague méfiance instinctive, ni de la classique « tête qui ne revient pas ». Bien que Tanya fût un changeling quelconque, j’aurais dû être capable de détecter sa signature mentale, et même de lire suffisamment dans ses pensées pour infirmer ou confirmer mes doutes à son sujet. Mais, à part un mot ou deux attrapés au vol, de-ci, de-là, Tanya restait un mystère pour moi. J’aurais dû être contente de trouver une fille de mon âge avec laquelle je pouvais enfin avoir une relation normale, voire amicale, non ? On aurait pu le penser, du moins. Mais quand j’ai découvert que Tanya demeurait aussi hermétiquement fermée qu’un coffre-fort à mes incursions dans son esprit, ça m’a plutôt dérangée, au contraire. En plus, curieusement, Sam ne m’avait pas dit un mot sur sa véritable nature – du style : « Oh ! C’est une taupe-garou » ou : « C’est un vrai changeling, comme moi. » Rien de tout ça. Bizarre...

J’étais perturbée en allant prendre la commande de Bill, et quand j’ai vu Shela Pumphrey s’encadrer dans la porte, ça ne s’est pas arrangé. Elle est restée sur le seuil à scruter la salle, probablement à la recherche de son cher et tendre. J’ai gardé pour moi quelques jurons bien sentis, puis j’ai tourné les talons et je suis retournée au bar.

Quand j’ai jeté un coup d’œil vers la table de Bill, un peu plus tard, Shela me regardait. Je n’y étais pas retournée : c’était Arlène qui s’était occupée d’eux. Comme je ne me sentais déjà pas très portée sur la courtoisie, ce soir-là, je n’ai pas hésité une seconde avant de lire dans les pensées de Shela. Elle se demandait pourquoi Bill s’obstinait à lui donner rendez-vous Chez Merlotte, alors que les habitués du bar se montraient si ouvertement hostiles à son égard. Elle ne parvenait pas à comprendre qu’un homme aussi intelligent et raffiné ait pu sortir avec une simple serveuse. Enfin ! D’après ce qu’elle avait entendu dire, je n’avais même pas fait d’études. Et, pour couronner le tout, ma grand-mère avait été assassinée !

De mauvaise, mon humeur est devenue carrément massacrante.

D’ordinaire, j’essaie de prendre ce genre de chose avec philosophie. Après tout, j’aurais parfaitement pu me préserver de ces charmantes réflexions. Qui écoute aux portes s’en voit rarement récompensé, n’est-ce pas ? Qu’avais-tu besoin d’aller lire dans ses pensées, franchement ? C’est ce que je me suis dit (au moins six fois de suite) pour tenter de me calmer. Mais je sentais la moutarde me monter au nez. Pas moyen de me contrôler. Quand j’ai posé leurs trois demis devant Catfish, Dago et Hoyt, les verres ont claqué si fort sur la table qu’ils ont tous trois levé vers moi un regard ahuri.

— On a fait un truc qui fallait pas, Sookie, ou t’es dans tes mauvais jours du mois ? m’a lancé Catfish, hébété.

— Vous n’y êtes pour rien, lui ai-je assuré.

Et ce n’étaient pas mes mauvais jours du... Oh oh ! Mais si. À l’instant même où j’identifiais, enfin, les circonstances aggravantes de mon irritation croissante, j’ai senti la chose arriver.

D’un bref coup d’œil, j’ai surpris Bill en train de me dévorer des yeux, les narines palpitantes. L’odeur du sang. Une épouvantable gêne s’est alors emparée de moi, me faisant rougir jusqu’aux oreilles. Pendant une fraction de seconde, je l’ai vu défiguré par une expression de pure voracité. Mais il s’est aussitôt repris, et son visage a recouvré sa parfaite impassibilité coutumière.

S’il ne se desséchait pas de désespoir sur mon paillasson, pleurant sur notre amour perdu, du moins souffrait-il quand même un peu. Lorsque j’ai aperçu mon reflet dans la glace, derrière le comptoir, un petit sourire satisfait se dessinait sur mes lèvres.

Une heure plus tard, une deuxième vampire a fait son entrée dans le bar. Son regard s’est arrêté sur Bill, qu’elle a salué d’un hochement de tête, puis elle est allée s’asseoir à l’une des tables d’Arlène. Cette dernière s’est précipitée pour prendre sa commande. Elles ont bien discuté une ou deux minutes, mais j’étais trop occupée pour aller voir de quoi il retournait. Puis j’ai vu Arlène se frayer un chemin vers moi.

— La déterrée veut te causer, m’a-t-elle annoncé, sans même prendre la peine de baisser le ton.

Quelques têtes se sont tournées dans notre direction. Arlène n’est pas très douée, question subtilité.

Après m’être assurée que tous mes clients étaient servis, je me suis dirigée vers la table de la vampire.

— Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? lui ai-je demandé à mi-voix.

Je savais qu’elle m’entendrait : les vampires sont dotés d’une ouïe exceptionnelle, et d’une acuité visuelle à l’avenant.

— Vous êtes Sookie Stackhouse ?

Elle était très grande, plus d’un mètre quatre-vingts, et semblait le fruit d’un heureux métissage. Ses épais cheveux noirs avaient été élégamment tressés, et des monceaux de bracelets paraient ses bras graciles à la peau dorée. Elle était sobrement vêtue, en revanche : une stricte tunique blanche sur un pantalon étroit en coton noir. Ses pieds étaient chaussés de simples sandales, noires elles aussi.

— Oui. En quoi puis-je vous être utile ?

Elle me dévisageait avec une expression dubitative.

— C’est Pam qui m’envoie. Je m’appelle Félicia.

Elle avait une voix chantante et un accent aussi exotique que son physique, qui évoquaient immédiatement les plages de sable blanc et les punchs sirotés à l’ombre des cocotiers.

— Enchantée, Félicia. J’espère que Pam se porte bien ?

Dans la mesure où les vampires ignorent les problèmes de santé, je lui posais une colle.

— Elle avait l’air bien quand je l’ai vue, a-t-elle hasardé d’un ton incertain. Elle m’a priée de venir pour me présenter.

— Bon. Eh bien, voilà qui est fait.

J’étais aussi perdue qu’elle.

— Elle m’a dit que vous aviez pour habitude de tuer les serveurs du Croquemitaine, a-t-elle alors déclaré, ses beaux yeux de biche écarquillés tant elle avait du mal à le croire. Elle m’a aussi dit que je devais vous demander d’avoir pitié de moi. Pourtant, pour moi, vous avez tout d’une humaine comme les autres.

Sacrée Pam !

— Elle voulait juste vous taquiner, Félicia, lui ai-je expliqué, en m’efforçant de ménager sa susceptibilité.

Félicia n’avait manifestement pas inventé la poudre. Super ouïe, super vue et super puissance physique n’impliquent pas nécessairement super intelligence.

— On est comme qui dirait amies, Pam et moi, et elle aime bien me faire ce genre de farce. J’imagine que, de la même façon, elle a voulu plaisanter avec vous. Je n’ai pas l’intention de faire du mal à qui que ce soit, ai-je ajouté pour la rassurer.

Félicia semblait toujours sceptique.

— C’est vrai, j’ai eu... quelques mésaventures avec les serveurs du Croquemitaine, par le passé, mais c’était juste... euh... des coïncidences, ai-je bredouillé. Et je suis effectivement une humaine tout ce qu’il y a d’ordinaire.

Enfin, presque.

Après avoir ruminé ça un moment, Félicia a paru soulagée, ce qui n’a fait qu’accroître sa rayonnante beauté. Pam a souvent plusieurs raisons de faire ce qu’elle fait, et je me suis demandé si elle ne m’avait pas envoyé Félicia pour que je puisse apprécier son indéniable pouvoir de séduction, lequel pouvoir n’avait pas dû échapper à Éric. Pam aurait-elle essayé de semer la pagaille, par hasard ? Ça ne m’aurait pas étonnée : elle ne haïssait rien tant que la routine. Alors, un peu de piment, de temps en temps...

— Vous pouvez rentrer à Shreveport et passer un bon moment avec votre boss sans scrupules, ai-je repris, m’efforçant de jouer les bonnes âmes.

— Éric ? s’est exclamée la jolie vampire, manifestement stupéfaite. C’est un excellent employeur, assurément, mais je n’aime pas les hommes.

J’ai jeté un regard circulaire aux tables alentour, afin de voir si quelqu’un avait surpris cette dernière réplique. Hoyt avait pratiquement la langue qui lui arrivait aux genoux, et Catfish faisait une tête de hibou pris dans la lumière des phares. Quant à Dago, il était choqué – agréablement choqué.

J’ai reporté mon attention sur la jeune vampire.

— Alors, Félicia, comment avez-vous atterri à Shreveport, si ce n’est pas indiscret ?

— Oh ! C’est mon amie Indira qui m’a fait venir. Elle m’a dit que ce n’était pas si mal d’être au service d’Éric.

Elle a haussé ses gracieuses épaules pour me montrer à quel point ce n’était « pas si mal ».

— Il n’exige aucun service sexuel si l’intéressée n’est pas consentante, et il ne demande que quelques heures de travail au bar, plus parfois des corvées annexes, m’a-t-elle expliqué.

— Alors, comme ça, il a une réputation de bon patron ?

— Oh, oui ! s’est exclamée Félicia, apparemment surprise que je puisse en douter. Ce n’est pas un cœur tendre, évidemment.

« Cœur tendre » et « Éric » sont effectivement des mots qui ne vont pas très bien ensemble.

— On ne peut pas lui tenir tête. Il ne vous le pardonnerait pas, a-t-elle poursuivi, songeuse. Mais tant que vous vous acquittez de vos obligations envers lui, il reste correct.

J’ai hoché la tête. C’était plus ou moins l’impression qu’Éric m’avait faite. Et je le connaissais très bien, à certains égards... bien que pas du tout à d’autres.

— De toute façon, c’est toujours mieux que dans l’Arkansas, a conclu Félicia.

— Pourquoi avoir quitté l’Arkansas ?

Je n’avais pas pu m’empêcher de lui poser la question. Je n’avais jamais rencontré de vampire aussi « nature » que Félicia.

— Peter Threadgill, m’a-t-elle répondu. Le roi. Il vient juste d’épouser votre reine.

Sophie-Anne Leclerq de Louisiane n’était certainement pas « ma » reine, mais j’ai préféré ne pas relever. J’étais trop curieuse de connaître la suite.

— Qu’est-ce qu’il a qui ne va pas, ce Peter Threadgill ?

Encore un casse-tête pour Félicia : elle avait besoin de réfléchir à la question.

— Il est rancunier, m’a-t-elle finalement expliqué, en fronçant ses charmants sourcils. Et puis, il n’est jamais content de ce qu’il a. Ça ne lui suffit pas d’être le plus vieux et le plus puissant vampire de l’État. Une fois devenu roi de l’Arkansas – et il a comploté pendant des années pour en arriver là –, il n’était toujours pas satisfait. Il n’était pas content de son État, vous comprenez ?

— Du style : « Tout État qui veut de moi pour roi ne peut pas être un État digne d’un roi » ?

— Exactement ! s’est extasiée Félicia, comme s’il fallait être sorti de Harvard pour accoucher d’une telle formule. Il a négocié avec la Louisiane pendant des mois et des mois. Même Fleur de Jade en avait marre d’entendre parler de la reine. Et puis, finalement, la reine a accepté l’alliance. Eh bien, au bout d’une semaine de festivités pour célébrer l’événement, le roi est redevenu sombre. Tout à coup, ce n’était plus assez bien pour lui. Il fallait en plus que la reine l’aime et qu’elle abandonne tout pour lui.

Elle a secoué la tête, atterrée par les caprices des têtes couronnées.

— Ce n’était pas un mariage d’amour, alors ?

— Ce serait bien la dernière raison pour laquelle un roi et une reine se marieraient, chez les vampires ! a affirmé Félicia avec un sourire amusé. Et voilà maintenant qu’il est en visite chez la reine à La Nouvelle-Orléans ! Encore une chance que je sois à l’autre bout de l’État.

Je n’étais pas sûre de bien saisir le concept du couple marié où les époux se rendent visite l’un à l’autre, mais je ne doutais pas de finir par comprendre un jour.

Ça ne m’aurait pas déplu d’en apprendre davantage, mais il était temps pour moi de retourner bosser. J’ai donc remercié Félicia d’être venue me voir et j’ai ajouté :

— Ne vous faites pas de souci : vous n’avez rien à craindre de moi.

Félicia m’a adressé un sourire éblouissant. Et... qui avait du mordant.

— Et moi, je suis bien contente que vous n’ayez pas l’intention de me tuer.

Je lui ai rendu son sourire (un rien hésitant, le mien, peut-être).

— Et je peux vous garantir que, maintenant que je vous connais, vous n’aurez plus aucune chance de me prendre au dépourvu, a-t-elle enchaîné. Jamais.

Soudain, la véritable vampire se dévoilait. J’en ai frémi. Sous-estimer Félicia aurait été une erreur fatale. Intelligente, non. Féroce, oui.

— Je n’ai l’intention de surprendre personne, encore moins une vampire.

Elle a salué cette affirmation d’un petit coup de menton sec, avant de disparaître, en se faufilant par la porte, aussi soudainement qu’elle était apparue.

— C’était quoi, cette histoire ? m’a demandé Arlène.

On s’était retrouvées au comptoir en même temps pour passer nos commandes. J’ai remarqué que Sam tendait l’oreille. J’ai haussé les épaules.

— Félicia vient d’être embauchée au Croquemitaine, à Shreveport, et elle voulait faire ma connaissance.

Arlène m’a dévisagée avec des yeux comme des soucoupes.

— Ah ! Parce que c’est toi qui tiens la pointeuse, maintenant ? Sookie, tu devrais éviter les morts et t’investir davantage auprès des vivants.

Je l’ai dévisagée à mon tour, surprise.

— Qui t’a mis une idée pareille dans le crâne ?

— A t’entendre, on pourrait croire que je suis pas fichue de penser toute seule !

Outre que ni la formulation ni le vocabulaire ne lui ressemblaient, Arlène n’avait jamais pondu une seule pensée de ce style de toute sa vie. Son second prénom aurait pu être Tolérance. En fait, c’était surtout parce qu’elle était trop coulante pour avoir le moindre principe.

— Eh bien... disons que je suis un peu étonnée, ai-je répondu, horriblement consciente de la sévérité avec laquelle je venais de juger cette femme que j’avais quand même toujours considérée comme mon amie.

— C’est que je vais à l’église avec Rafe Prudhomme depuis un moment...

J’aimais bien Rafe Prudhomme, un brave type d’une quarantaine d’années qui travaillait pour la Pélican State Title Company. Mais je n’avais jamais eu l’occasion de faire vraiment sa connaissance et je n’avais jamais lu dans ses pensées. J’aurais peut-être dû...

— De quel genre d’église parles-tu ?

— La Confrérie du Soleil. C’est là qu’il va.

Ça m’a fait un coup au cœur. Je ne me suis pas donné la peine de lui faire remarquer que la Confrérie n’était qu’un ramassis de fanatiques que seules une haine farouche et une peur bleue des vampires unissaient.

— Ce n’est pas une vraie religion, tu sais. Il y a un centre de la Confrérie dans le coin ?

— À Minden.

Arlène a détourné la tête.

— Je savais bien que ça ne te plairait pas, a-t-elle ronchonné. Mais j’ai vu le père Riordan, là-bas : même les prêtres catholiques pensent que c’est bien. Ça fait deux dimanches de suite qu’on y va.

— Et tu crois à tout ça ?

Mais, à ce moment-là, un des clients de son secteur l’a hélée, et elle a sauté sur l’occasion pour s’en aller.

Mon regard a croisé celui de Sam, et j’ai lu dans ses yeux qu’il partageait mon inquiétude. La Confrérie du Soleil était une secte anti-vampires d’une intolérance radicale dont l’influence s’étendait chaque jour davantage. Certaines cellules de la Confrérie n’avaient pas d’activité militante à proprement parler, mais beaucoup d’entre elles prêchaient la haine et la terreur. Si la Confrérie avait une liste noire, j’étais sûrement dessus. Le fondateur de la Confrérie du Soleil, Steve Newlin, avait été chassé de son centre de Dallas (sans doute le plus lucratif) à cause de moi : j’avais contrecarré certains de ses plans. Il n’était pas impossible qu’il me traque et me tende un piège. Il m’avait vue à Dallas, il m’avait vu à Jackson : tôt ou tard, il finirait bien par découvrir où j’étais et où j’habitais.

J’avais du souci à me faire…

La reine des vampires
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